Vivre à Croix Rouge

Publié le par npa

 

Dans les quartiers populaires rémois, l’annonce d’une augmentation des loyers programmée pour le 1er janvier 2012 par le gouvernement Sarkozy – Fillion passe mal.

D’ailleurs, la Confédération Nationale du Logement a refusé de voter lors du dernier conseil de surveillance du Foyer rémois cette augmentation. Parce qu’elle est l’une des rares organisations à résister à la destruction programmée du logement social, la CNL est l’objet des foudres sarkozystes : retrait de l’agrément sans lequel elle ne pourra plus défendre en justice les locataires, suppression de subvention.

C’est donc cela la conception de la démocratie développée par le ministre UMP du logement, le marnais Benoist Apparu, soutenu à Reims par les députés Catherine Vautrin et Arnaud Robinet.

Cette hausse de loyer passe d’autant moins bien qu’elle intervient dans les quartiers populaires rémois  après l’imposition de la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (prélevée sur les quittances de loyer), la mise en œuvre du surloyer (jusqu’à 1000 € !), la hausse des charges notamment énergétiques,  et des hausses consécutives à la Rénovation Urbaine.

Pourtant les bailleurs sociaux sont grassement nourris dans le cadre de la rénovation urbaine avec une subvention de l’ANRU de 98 millions d’€ dans un projet totalisant 500 millions d’€. Ils bénéficient aussi d’une exonération fiscale de la Taxe sur le foncier bâti de 3 millions d’€ par an pour assurer le maintien de la qualité de l’habitat.

Les habitants n’en voient pas la couleur. Dans les réunions des conseils de quartiers, les mêmes plaintes reviennent : ascenseurs en panne, boîtes aux lettres dégradées, chaussées défoncées, éclairage en panne, non respect des obligations en matière de ménage des communs.

Ils paient deux fois en tant que contribuables et en tant que locataires.

Ejectée avec son mentor Martine Aubry de la star académie socialiste qu’ont été les primaires socialistes, la Maire de Reims ne rêve plus de marocain ministériel. Elle devra se contenter de son siège actuel, qu’elle espère désormais conserver en 2014.

Pour y parvenir, elle fait mine de s’intéresser aux quartiers populaires. Elle a ainsi donné une conférence de presse sur le quartier croix rouge depuis son confortable bureau municipal.

A lire l’Union du 2 novembre 2011, et les propos de la secrétaire nationale du PS aux droits de l’Homme, tout va bien à Croix Rouge : embellissement du quartier, pas de hausse loyer, économies énergétiques, nouveaux équipements et nouveaux services. La rengaine est connue : « Tout va bien madame la mairequise » !

Mais ce que vivent quotidiennement les habitants ce n’est pas cela.

La CNL s’est dernièrement inquiétée d’une augmentation du coup des loyers à Croix-Rouge de 10 à 20% du fait de l’ANRU, des charges de chauffages en raison de l’incendie de la chaufferie, avec une régularisation qui risque d’être très douloureuse pour les habitants du quartier.

Plus globalement, la Maire qui a donné donc une interview 100% pour 100% tournée vers le quartier Croix Rouge n’observe pas tout cela et ne dit pas un mot sur les conditions sociales de vie des habitants : un chômage à plus de 20% officiellement (officieusement  à 40%), un chômage des jeunes proche de 50%. Sur les 20 000 habitants, 2000 sont inscrits au Pôle emploi. Pourtant Croix Rouge accueille une Zone Franche Urbaine qui donne droit aux entreprises qui y sont installées à de substantielles exonérations. Plus de 32% des familles du quartier vivent avec de bas revenus, c’est 2,5 fois plus que sur le reste de la Ville !

La rénovation urbaine tant vantée par Adeline Hazan est un succès si son objet est de bétonner pour mieux augmenter les loyers et chasser les ménages les moins solvables. C’est un échec patent, s’il s’agit d’agir sur les causes de la misère et de la galère qui sévissent dans les quartiers.

Pour sa part le NPA est engagé aux cotés de celles et ceux qui veulent vraiment changer la vie des habitants des quartiers populaires et apporter des solutions aux causes de leur misère et de leur galère.

C’est d’ailleurs pour cela que le NPA est un des acteurs de l’appel « Pour un printemps des quartiers populaires ».

« Chacun le sait... ceux qui vivent dans les quartiers populaires, les femmes et les hommes, issus de l'immigration ou pas, souvent musulmans, noirs ou roms, sont soumis à la ségrégation, au chômage, au racisme, et au contrôle policier au faciès –et ne trouvent dans les institutions et la vie politique aucun moyen d'exprimer leurs attentes et aspirations. Les oppressions et les résistances qui se tissent dans les banlieues sont traitées en termes de problème sécuritaire ou de réactivation de l'«identité nationale» –les musulmans d'aujourd'hui étant de plus en plus stigmatisés comme les juifs d'hier.

Quel journaliste, quel discours politique voudra prendre à bras le corps ces questions et dénoncer l'islamophobie sur les plateaux de télévision, faire le bilan de toutes les lois répressives contre l'immigration? Qui confrontera les lectures sectaires de la laïcité et leurs projets liberticides à l'expérience quotidienne de leurs victimes et aux fondements juridiques des droits? Si la nécessité de combattre le racisme est évoquée, pour faire pièce à Marine Le Pen ou à Nicolas Sarkozy, rien n'est fait pour que la lutte contre la ségrégation urbaine, les discriminations raciales et la précarité, soit un axe fondamental de réponse aux exigences portées par les révoltes de 2005 dans les quartiers populaires.

La misère et les inégalités s'élargissent avec les crises financières et les pseudo plans de «sauvetage» détruisant sur leur passage emplois et acquis sociaux; les Etats renflouent les banques mais veulent supprimer les services publics et rendre les populations coupables et comptables de la crise; le fossé se creuse entre les minorités privilégiées et la grande masse des populations de plus en plus précarisées, pendant que les puissances impériales poursuivent leur déploiement militaire, semant partout la désolation et la guerre.

Pour notre part, puisant notre énergie et notre inspiration dans la révolte des quartiers en 2005, dans les luttes pour l'égalité réelle, dans l'élan révolutionnaire des peuples du monde arabe et la lutte du peuple palestinien pour ses droits, dans les mobilisations exemplaires en Afrique, à Mayotte et celles des «Indignés» de la Grèce aux Etats-Unis, de l'Espagne au Chili, nous refusons de n'imaginer le futur que sous la forme d'une droite libérale, sécuritaire et raciste ou sous celle d'une gauche gestionnaire d'un ordre admis. Nous sommes convaincus qu'existent des alternatives au désastre. Tout un monde d'oppression n'en finit pas de s'écrouler sous nos yeux qui appelle des solutions radicales qui doivent s'imposer dans les débats et accompagner les prochaines présidentielles.

Nous sommes un regroupement de militants et de personnalités de gauche, d'associations des quartiers, d'organisations politiques ou syndicales anti-racistes et décoloniales, déterminés à forcer le débat notamment durant la campagne présidentielle. Nous voulons aider à l'action et l'expression des populations exclues de tels débats, femmes et hommes, et porter quatre préoccupations:

- contre le racisme, en premier lieu le racisme d'Etat, l'islamophobie, la surexploitation, le harcèlement et l'expulsion des sans papiers; contre les inégalités, la ségrégation urbaine –en nous revendiquant des droits égalitaires ;

- contre les violences institutionnelles de la police, de la justice, et, de l'école au Pôle Emploi, pour l'invention d'institutions démocratiques au service de toutes et tous ;

- contre les politiques libérales porteuses de la crise économique, en défense des droits sociaux fondamentaux ;

- contre les rapports de domination internationaux et néo-coloniaux en particulier en Palestine et en Afrique ou dans les DOM-TOM, en soutien aux exigences portées par les processus révolutionnaires en cours.

Cette dynamique« commence » le 27 octobre, jour anniversaire de la révolte de 2005.

 

Publié dans Vie locale

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