Réforme et révolution

Publié le par NPA REIMS

Réforme et Révolution (textes)

Léon BLUM (1947)

EXERCICE ET CONQUÊTE DU POUVOIR

Le problème de l'exercice du pouvoir [...], je crois bien pouvoir dire sans me flatter que c'est moi qui ai introduit cette formule dans le Parti socialiste. Je l'ai fait il y a environ vingt-cinq ans; je l'ai fait en opposant la formule « exercice du pouvoir» à l'expression « conquête du pouvoir » [ ... ]. L'exercice du pouvoir se place avant la révolution. L'expression s'applique au cas où un Parti socialiste quelconque se trouve par le jeu normal des insti­tutions démocratiques dans les mêmes conditions formelles où se trouverait à sa place tout autre parti détenteur du pouvoir légal. La Parti socialiste exerce alors le pouvoir légal conformément aux institutions qui le régissent dans le cadre [ ... ] Voilà ce qu'est l'exercice du pouvoir. La conquête du pouvoir, c'est tout autre chose: ce n'est pas un acte qui se place avant la phase révolutionnaire: c'est un acte révolutionnaire [... ] en ce sens que nous la considérons comme la condition préalable et indispensable de la transformation révolutionnaire du régime social. [ ... ]

[Si] Nous sommes installés au pouvoir dans le cadre de la société capitaliste, nous sommes tenus d'exercer la direction loyalement, non pas seulement par une règle de probité morale, mais parce que c'est, de toute évidence, notre intérêt collectif de Parti, l'intérêt des masses ouvrières dont nous sommes l'expression politique. Les communistes ont toujours déclaré qu'en tant que gérants de la société capitaliste par le jeu de la loi démocratique ils agiraient de la façon la plus conforme à l'intérêt collectif. On pourrait soutenir des tactiques plus subtiles qui consisteraient à s'introduire dans l'exercice du pouvoir pour trouver là plus aisément des postes qui permettraient d'aboutir plus facilement à la destruction finale du cadre capitaliste; ... mais je ne veux prêter à personne des intentions contraires à celles qui sont énoncées. Nous avons donc à gérer honnêtement, loyalement, la société remise entre nos mains, c'est notre devoir de détenteurs du pouvoir. En même temps, nous sommes socialistes, et nos actes, quels qu'ils soient, tendent à la transformation sociale et par conséquent à l'aménagement et à l'amélioration qui mènent nécessairement la société capitaliste d'aujourd'hui vers le régime social de demain.

Dans la plupart des pays de l'Europe, l'Etat a cessé d'être l'expression pure et simple, l'expression exacte du capitalisme; si par hypothèse il l'était resté, il est bien clair que l'exercice du pouvoir dans le cadre de la société capitaliste serait une contradiction insoutenable et intolérable [ ... ] C'est le capitalisme qui a créé la forme moderne de la démocratie, et les démocraties se dissocient et se détachent de plus en plus de ce capitalisme dont elles sont issues. C'est en cela que la contradiction qui résulte pour les socialistes de l'exercice du pouvoir ne se présente pas actuellement dans les mêmes conditions où elle se présentait dans des périodes antérieures du régime capitaliste [...] L'Etat moderne se détache progressivement du capitalisme et c'est pourquoi il est possible à des partis socialistes de le manier sans l'asservir et à plus forte raison sans s'asservir eux-mêmes au capitalisme. Ils prennent le pouvoir en en tirant un instrument de lutte contre le capitalisme, c'est-à-dire en usant de l'autorité de l'Etat pour créer des conditions favorables à l'avènement du socialisme.

(publié dans L'œuvre de Léon Blum. Naissance de la IV°République. La vie et la doctrine du Parti socialiste, 1945­-1947; Paris, Albin Michel, 1958, pp. 428-436.)

_________________________________________________________

1898

Rosa LUXEMBOURG

 

Brochure « Réforme sociale ou révolution ? »

5. Conséquences pratiques et caractère général du révisionnisme

Nous avons dans notre premier chapitre essayé de montrer que la théorie de Bernstein retire au programme socialiste toute assise matérielle et le transporte sur une base idéaliste. Voilà pour le fondement théorique de sa doctrine - mais comment apparaît la théorie traduite dans la pratique ?

Constatons d'abord que dans la forme elle ne se distingue en rien de la pratique de la lutte social-démocrate telle qu'elle est exercée jusqu'à présent. Luttes syndicales, luttes pour les réformes sociales et pour la démocratisation des institutions politiques, c'est bien là le contenu formel de l'activité du Parti social-démocrate. La différence ne réside donc pas ici dans le quoi mais dans le comment. Dans l'état actuel des choses, la lutte syndicale et la lutte parlementaire sont conçues comme des moyens de diriger et d'éduquer peu à peu le prolétariat en vue de la prise du pouvoir politique. Selon la théorie révisionniste, qui considère comme inutile et impossible la conquête du pouvoir, la lutte syndicale et la lutte parlementaire doivent être menées uniquement en vue d'objectifs immédiats pour l'amélioration de la situation matérielle des ouvriers et en vue de la réduction progressive de l'exploitation capitaliste et de l'extension du contrôle social.

Laissons de côté l'amélioration immédiate de la situation des ouvriers, puisque l'objectif est commun aux deux conceptions, celle du Parti et celle du révisionnisme; la différence entre ces deux conceptions peut alors être définie en quelques mots : selon la conception courante, la lutte politique et syndicale a une signification socialiste en ce sens qu'elle prépare le prolétariat - qui est le facteur subjectif de la transformation socialiste - à réaliser cette transformation. D'après Bernstein la lutte syndicale et politique a pour tâche de réduire progressivement l'exploitation capitaliste, d'enlever de plus en plus à la société capitaliste ce caractère capitaliste et de lui donner le caractère socialiste, en un mot de réaliser objectivement la transformation socialiste de la société.

Quand on examine la chose de plus près, on s'aperçoit que ces deux conceptions sont absolument opposées.

Selon la conception courante du parti, le prolétariat acquiert par l'expérience de la lutte syndicale et politique la conviction qu'il est impossible de transformer de fond en comble sa situation au moyen de cette seule lutte, et qu'il n'y parviendra définitivement qu'en s'emparant du pouvoir politique. La théorie de Bernstein part du préalable de l'impossibilité de la conquête du pouvoir pour réclamer l'instauration du socialisme au moyen de la seule lutte syndicale et politique.

La théorie de Bernstein croit au caractère socialiste de la lutte syndicale et parlementaire, à laquelle elle attribue une action socialisante progressive sur l'économie capitaliste. Mais cette action socialisante n'existe, nous l'avons montré, que dans l'imagination de Bernstein.

Les structures capitalistes de la propriété et de l'Etat se développent dans une direction tout à fait opposée. De ce fait la lutte quotidienne concrète de la social-démocratie perd, en dernière analyse, tout rapport avec le socialisme. La lutte syndicale et la lutte politique sont importantes parce qu'elles agissent sur la conscience du prolétariat, qu'elles lui donnent une conscience socialiste, qu'elles l'organisent en tant que classe. Leur attribuer un pouvoir direct de socialisation de l'économie capitaliste, c'est non seulement aller au-devant d'un échec en ce domaine, mais encore leur faire perdre tout autre signification : elles cessent alors d'être un moyen d'éduquer la classe ouvrière, de la préparer à la conquête du pouvoir. Aussi Edouard Bernstein et Conrad Schmidt font-ils un contre-sens complet lorsque pour se rassurer ils affirment que même si l'on réduit la lutte aux réformes sociales et au mouvement syndical on n'abandonne pas pour autant le but final du mouvement ouvrier : chaque pas fait en cette voie ne déborde-t-il pas ses propres buts et le but socialiste n'est-il pas présent dans tout le mouvement comme tendance qui l'anime ? C'est tout à fait vrai, sans doute, de la tactique actuelle de la social-démocratie où la conscience du but - la conquête du pouvoir politique - et l'effort pour l'atteindre précèdent et orientent toute la lutte syndicale et le mouvement pour les réformes. Mais si l'on sépare cette orientation préalable du mouvement et si l'on fait de la réforme sociale un objectif autonome, elle ne mènera certes pas à la réalisation du but final, au contraire. Conrad Schmidt s'en remet à un mouvement pour ainsi dire automatique qui, une fois déclenché, ne peut plus s'arrêter de lui-même ; il part de l'idée très simple que l'appétit vient en mangeant et que la classe ouvrière ne peut se contenter de réformes tant que la transformation socialiste de la société n'est pas achevée. Ce dernier postulat est sans doute exact, et l'insuffisance des réformes capitalistes en témoigne. Mais la conclusion qu'il en tire ne serait vraie que si l'on pouvait construire une chaîne ininterrompue de réformes sociales de plus en plus étendues qui mènerait du régime capitaliste actuel au régime socialiste. C'est là une vue fantaisiste. D'après la nature des choses la chaîne se rompra très vite et à partir de cette rupture les voies où le mouvement peut s'engager sont multiples et variées.

Le résultat immédiat le plus probable est un changement de tactique en vue d'obtenir par tous les moyens les résultats pratiques de la lutte, c'est-à-dire les réformes sociales. Le point de vue de classe irréconciliable n'a de sens que si l'on se propose la prise du pouvoir ; il n'est que gênant à partir du moment où l'on n'a en vue que les objectifs pratiques immédiats. On en arrive bientôt à adopter une " politique de compensation " - traduisez une " politique de maquignonnage " - et une attitude conciliante sagement diplomatique. Mais le mouvement ne peut s'arrêter longtemps. Quelque tactique que l'on emploie, puisque les réformes sociales sont et restent, en régime capitaliste, des coquilles vides, en bonne logique l'étape suivante sera la désillusion, même en ce qui concerne les réformes - on aboutira à ce havre paisible où se sont réfugiés les professeurs Schmoller et Cie qui, après avoir navigué sur les eaux du réformisme social, finissent par laisser tout aller à la grâce de Dieu.

Le socialisme ne découle donc pas automatiquement et en toutes circonstances de la lutte quotidienne de la classe ouvrière. Il naîtra de l'exaspération des contradictions internes de l'économie capitaliste et de la prise de conscience de la classe ouvrière, qui comprendra la nécessité de les abolir au moyen de la révolution sociale. Nier les unes et refuser l'autre, comme le fait le révisionnisme, aboutit à réduire le mouvement ouvrier à une simple association corporative, au réformisme, et conduit automatiquement à abandonner le point de vue de classe.

Ces conséquences apparaissent clairement quand on considère le révisionnisme sous un autre aspect et que l'on se pose la question du caractère général de cette théorie. Il est évident que le révisionnisme ne défend pas les positions capitalistes et n'en nie pas, comme les économistes bourgeois, les contradictions. Au contraire, il admet le préalable marxiste de l'existence de ces contradictions. Mais d'autre part - nous sommes là au cœur de sa conception et c'est là ce qui le différencie de la théorie jusque-là en vigueur dans le parti - il ne fonde pas sa doctrine sur la suppression de ces contradictions, qui seraient la conséquence propre de leur développement interne.

La théorie révisionniste occupe une place intermédiaire entre ces deux pôles extrêmes. Elle ne veut pas porter à maturité les contradictions capitalistes ni les supprimer une fois atteint leur développement extrême par un renversement révolutionnaire de la situation ; elle veut les atténuer, les émousser. Ainsi elle prétend que la contradiction entre la production et l'échange sera atténuée par l'arrêt des crises, par la formation des associations patronales ; de même la contradiction entre le capital et le travail sera atténuée par l'amélioration de la situation du prolétariat et par la survie des classes moyennes, celle entre l'Etat de classe et la société par un contrôle social croissant et le progrès de la démocratie.

Certes, la tactique social-démocrate normale ne consiste pas à attendre le développement extrême des contradictions capitalistes jusqu'à ce que se produise un renversement révolutionnaire de la situation. Au contraire, l'essence de toute tactique révolutionnaire consiste à reconnaître la tendance du développement et à en tirer les conséquences extrêmes dans la lutte politique. C'est ainsi, par exemple, que la social-démocratie a toujours combattu le protectionnisme et le militarisme sans attendre que leur caractère réactionnaire se soit entièrement dévoilé. Mais la tactique de Bernstein ne consiste pas à s'appuyer sur le développement et l'exaspération des antagonismes, il mise au contraire sur leur atténuation. Il définit lui-même sa tactique en parlant d'une " adaptation " de l'économie capitaliste. À quel moment se vérifierait une telle conception ? Les contradictions de la société actuelle résultent toutes du mode de production capitaliste. Supposons que ce mode de production continue à se développer dans la direction actuelle ; il poursuivra nécessairement ses propres conséquences, les contradictions continueront de s'exaspérer, et de s'aggraver au lieu de s'atténuer. Pour que la théorie de Bernstein se vérifie, il faudrait donc que le mode de production capitaliste lui-même soit entravé dans son développement. En un mot, le postulat général qu'implique la théorie de Bernstein, c'est un arrêt du développement capitaliste.

Par là, sa théorie se condamne elle-même doublement. D'une part, elle trahit son caractère utopique quant au but final du socialisme : il est clair d'avance que l'enlisement du développement capitaliste n'aboutira pas à une transformation socialiste de la société ; nous en avons la confirmation dans notre exposé des conséquences pratiques de cette théorie. Ensuite, elle dévoile son caractère réactionnaire quant au développement effectif du capitalisme, qui est rapide.

_________________________________________________________

La grève générale

Exposé (date inconnue)

Si nous traitons de la grève générale, c'est parce que nous croyons que la grève générale est le modèle le plus probable de la révolution socialiste dans les pays impérialistes. Ceci n'est évidemment pas le seul modèle possible .../... il est donc parfaitement justifié d'analyser les modifications des conditions qui permettent la transformation d'une grève générale en victoire des révolutions socialistes.

Origine de la grève générale comme modèle de la révolution socialiste à venir

Ce n'est pas la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier que la problématique de la grève générale est mise au centre du débat sur le modèle de la révolution socialiste à venir. Le premier débat à ce sujet a eu lieu à la fin du XIXe siècle et a été introduit par les tendances anarchistes, surtout anarcho-syndicalistes (syndicalistes-révolutionnaires), et cela en opposition délibérée avec la tactique social-démocrate adoptée à ce moment-là par la plupart des marxistes, qui était la lutte électorale et parlementaire.

Les marxistes ont fait à ce moment-là aux thèses anarcho-syndicalistes une critique qui maintient une partie de vérité et que nous ne sommes pas prêts à abandonner. La partie essentielle de vérité de la critique marxiste de cette thèse de la grève générale syndicaliste-révolutionnaire est qu'elle sous-estime le problème du pouvoir politique et qu' elle croit qu' il suffit à la classe ouvrière d'arrêter le travail sur le plan économique et de reprendre la direction des entreprises sous son propre guide au niveau de la vie économique pour que la société bourgeoise s'effondre. Il y a sous-estimation grave, catastrophique même, du problème de l'État, du problème du gouvernement, du problème de l' armement, de la nécessaire transformation de la grève générale en une insurrection. Toute cette partie-là de la critique marxiste de la vieille thèse de la grève générale reste évidemment juste: une grève générale ne suffit pas pour renverser le système capitaliste.

Mais une grève générale peut être le début d'une révolution socialiste. Sur ce côté de la thèse syndicaliste-révolutionnaire, l'histoire du XXe siècle dans les pays impérialistes a donné un verdict qui est aujourd'hui absolument concluant: la grève générale dans un pays industrialisé peut être et sera vraisemblablement le début d'une révolution socialiste. Et ce que, à ce sujet, les marxistes, surtout les futurs réformistes, ont dit à la fin du XIXe siècle et qui était résumé dans la fameuse formule des syndicats sociaux-démocrates allemands "La grève générale, c'est l'idiotie générale", c'est-à-dire que la thèse selon laquelle une grève générale est impossible en régime capitaliste, tout cela s'est avéré totalement faux. Toute cette partie du raisonnement classique des sociaux-démocrates s'est avérée absolument fausse au cours de l'histoire du mouvement ouvrier du XXe siècle.

Quel était le raisonnement, pour autant qu'il y ait un raisonnement et pas seulement la mauvaise foi de gens déjà intégrés dans le régime capitaliste? Quel était le raisonnement qui était derrière cette argumentation social-démocrate?

C'était une vue absolument mécaniste sur la simultanéité prétendue de toute une série de processus: ils disaient que pour qu'une grève générale réussisse, il fallait que tous les ouvriers soient organisés, il fallait qu'ils fussent déjà socialistes; si tous les ouvriers sont socialistes et organisés, ils n'ont pas besoin d'une grève générale, ils auront la majorité au parlement et le pouvoir dans l'État. Tel était le raisonnement. Évidemment cette simultanéité prétendue dans les trois processus de capacité de lutte, d'organisation et de conscience est totalement fausse: une classe ouvrière qui est encore organisée en minorité et qui est encore socialiste dans une minorité relativement réduite s'est montrée historiquement capable de faire une grève générale. Entre ces trois phénomènes, il n'y a pas de coïncidence nécessaire.

L'erreur méthodologique qui est sous-jacente à cette conception mécaniste, c'est la sous-estimation extrêmement décisive de l'action en tant que source de conscience. C'est l'idée qu'il faut d'abord convaincre individuellement les ouvriers sur la base de la propagande individuelle pour les rendre capables d'atteindre un certain niveau de conscience, alors que l'expérience a montré que c'est exactement à travers de grandes grèves politiques de masses, à travers des grèves générales que toute une fraction de la classe ouvrière, qui ne peut accéder à la conscience de classe par la voie individuelle de l' éducation et de la propagande, s'éveille ou se réveille à cette conscience de classe, y accède et devient extrêmement combative.

Et ce qui a été l'aboutissement de cette erreur, c'est une constante dans le débat entre la gauche et la droite du mouvement ouvrier en Europe dès le début du siècle. Débat où Rosa Luxembourg a joué un rôle décisif, plus tôt même que Lénine ou Trotsky: elle a compris que la division de la classe ouvrière entre une avant-garde organisée et une arrière-garde inorganisée représente une vue fort simpliste et étriquée de la réalité. Il est vrai qu'il existe une avant -garde organisée et qu'il y a les ouvriers non-organisés, mais il faut au moins introduire un troisième élément dans cette analyse pour comprendre la réalité: il y a cette partie de ouvriers non-organisés qui, dans une lutte de masse, peuvent dépasser toute une fraction de la classe ouvrière organisée qui, en fonction de la bureaucratisation des organisations ouvrières, aura tendance à suivre dans la lutte les mots d'ordre de la bureaucratie et cessera ainsi d'être à l'avant-garde dans la lutte.

On a mal interprété cette thèse de Rosa Luxemburg comme une thèse spontanéiste ce n'est pas tout à fait vrai; il y a un élément de spontanéisme mais seulement un élément, c'est-à-dire la compréhension du fait qu"'organisé" n'est pas nécessairement identique à "avancé", ce qui est l'évidence même aujourd 'hui, personne ne le contestera. Rosa Luxembourg n'était pas du tout hostile à l'organisation. Elle était très favorable à l'organisation, à l'organisation révolutionnaire. Elle comprenait simplement qu'il n'y a pas d'identité entre organisation et avant-garde nécessairement à tous les moments et surtout au moment d'une grève générale.

Lénine a pris quelques années pour le comprendre, mais il a compris à partir de 1914. Et il est significatif que des sociaux-démocrates l' ont attaqué après cette date en lui disant: "Mais tu détruis l'organisation c'est la révision de tout ce que tu as défendu pendant 20 ans" et il a répondu dans un de ses articles de polémique contre la social-démocratie internationale: "à partir d'un certain stade de dégénérescence, certaines formes d ' organisations bureaucratisées peuvent effectivement être des obstacles, et des ouvriers non-organisés peuvent connaître un niveau de conscience plus élevé que des gens qui restent prisonniers des organisations bureaucratisées. Il faut alors construire une nouvelle organisation. La IIe Internationale est morte, il faut construire la IIIe Internationale". Et Trotsky, après avoir décidé que les partis de la IIIe Internationale étaient devenus non-réformables, après la victoire d'Hitler, a trouvé des accents pratiquement identiques à ceux que Lénine a utilisé après 1914 et ceux que Rosa Luxembourg avait déjà utilisé dans les années 1905-1914 en Allemagne pour défendre la même thèse.

_________________________________________________________

Pourquoi sommes nous révolutionnaires aujourd'hui

« la gauche » 10 janvier 1989

Une révolution, c'est le renversement radical, en peu de temps, des structures économiques et (ou) politiques de pouvoir, par l'action tumultueuse de larges masses. C'est aussi la transformation brusque de la masse du peuple d'objet plus ou moins passif en acteur décisif de la vie politique.

Une révolution éclate lorsque ces masses décident d'en finir avec des conditions d'existence qui leur semblent insupportables. Elle exprime donc toujours une grave crise d'une société donnée. Cette crise plonge ses racines dans une crise des structures de domination. Mais elle traduit aussi une perte de légitimité des gouvernants, une perte de patience, de la part de larges secteurs populaires.

Les révolutions sont, à la longue, inévitables - les véritables locomotives du progrès historique - parce qu'une domination de classe ne peut justement pas être éliminée par voie de réformes. Celles-ci peuvent tout au plus l'adoucir, pas la supprimer. L'esclavage n'a pas été aboli par des réformes. La monarchie absolutiste de l'Ancien Régime n'a pas été abolie par des réformes. Il fallait des révolutions pour les éliminer .

De même le régime capitaliste - la dépendance salariale de l'immense majorité de nos concitoyens - ne pourra être aboli petit à petit. La masse des salarié(e)s-appointé(e)s ne peut pas gagner petit à petit un accès libre aux moyens de production et de survie. A cette fin, il faut supprimer la propriété privée des usines et des banques. Il faut permettre aux travailleurs librement associés de planifier l'économie pour garantir le plein emploi et une consommation décente pour tous et pour toutes, protégés contre tout effet de la concurrence ou de fluctuation de la conjoncture, ainsi qu'une réduction radicale de la semaine de travail, afin de permettre à tous et toutes de gérer leurs propres affaires, dans l'économie, dans l'État et dans la société.

Si l'on croit que le capitalisme est une nuisance qui, malgré ses performances incontestables, déclenche périodiquement des catastrophes de plus en plus graves -guerres, crises économiques, fascisme, catastrophes écologiques - si l'on croit que cette nuisance doit être éliminée pour assurer le bien-être permanent de tous et de toutes pour éviter une rechute de l'humanité dans la barbarie, voire une disparition physique du genre humain, alors il faut souhaiter la révolution et oeuvrer patiemment à la rendre victorieuse. Il n'y a pas d'autre moyen d'en finir avec le régime capitaliste.

Mais ce n'est pas seulement, et même pas en premier lieu, une question de désir ou de choix. Les révolutionnaires ne sont ni des romantiques, ni des dogmatiques qui ont vendu leur âme à un projet politique préconçu. Une étude attentive de l'histoire démontre que les révolutions sont des faits incontestables, quelles se produisent périodiquement, indépendamment du désir des révolutionnaires ou de l'hostilité des anti-révolutionnaires. De nombreuses révolutions se sont produites depuis le début de l'ère moderne, au 16è siècle. La première a d'ailleurs éclaté dans nos régions. A une seule exception près (le Japon), tous les États importants qui existent aujourd'hui sont le produit d'une ou même de plusieurs révolutions.

Au 20è siècle, il y a eu au moins une trentaine de révolutions, pas toutes victorieuses il est vrai. A présent, des révolutions se déroulent dans deux pays d'Amérique centrale, le Nicaragua et le Salvador. Plusieurs autres pays sont au bord d'une révolution (ce que les marxistes appellent une situation pré-révolutionnaire).

Il n'est pas vrai que les révolutions sont au fond inutiles, et que l'histoire est dominée par la règle: «Plus ça change, plus ça reste la même chose». Les révolutions des deux siècles passés ont modifié fondamentalement la situation sociale et politique de chaque pays où elles ont triomphé. Elles ont permis un colossal progrès. Nier ce progrès, c'est nier l'évidence. On peut le mesurer en termes simples et clairs: accroissement de la production matérielle: élévation du niveau de vie; accroissement de la culture; accroissement des libertés politiques et des droits de l'homme.

Il est vrai que cet acquis est généralement inférieur aux espoirs des participants aux révolutions, et aux promesses de leurs dirigeants. Mais il est fort réel si on compare la situation qui existe lorsque les conquêtes révolutionnaires ont été consolidées avec la situation sous l'Ancien Régime.

Pourquoi éclatent des révolutions ?

Les adversaires de la révolution affirment qu'elle coûterait trop cher, que son prix en vies, souffrances humaines serait trop élevé. Pour pouvoir argumenter dans ce sens, il faut être aveugle de l'oeil droit, c'est-à-dire oublier (ou faire semblant d'oublier) les pertes en vies et en souffrances humaines causées par le régime qui existe avant la révolution.

Prenons un exemple au 20è siècle. Beaucoup d'idéologues hostiles à la révolution, y compris au sein de la social-démocratie, incriminent les pertes que les révolutions russe et chinoise ont entraînées, sans même distinguer les pertes causées par ces révolutions en elles-mêmes, et les pertes causées par la contre-révolution. Mais il ne «comptabilisent» pas les pertes qu'ont entrainés les guerres impérialistes et les guerres coloniales causées par le régime capitaliste, qui, comme le disait Jaurès, porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage. Ces millions de morts sont considérés comme le produit de la fatalité, voire comme «naturels». Seule la révolution est considérée comme "inhumaine".

Ensuite, argumentent les adversaires des révolutions, on aurait pu réaliser le même progrès que la révolution a finalement apporté, en y allant plus doucement, par voie des réformes successives, en prenant son temps. Comme le dit le nouvel hymne de la social-démocratie allemande qui a remplacé "L'Internationale» et chante maintenant: goutte par goutte nous creuserons la pierre (peut-être en l'an 3.000)? Seulement voilà: les révolutions ne sont pas artificiellement déclenchées par de méchants révolutionnaires. Elles éclatent, comme de véritables forces de la nature, lorsque les contradictions économiques, sociales et (ou) politiques sont devenues incompressibles et incontrôlables par les tenants du pouvoir. Pour cette même raison, révolution et contre-révolution se trouvent la plupart des fois face à face, du fait de ces contradictions. Ceux qui refusent d'appuyer et de mener à bien la révolution, favorisent objectivement, ou renforcent sciemment, la contre-révolution.

De nouveau, il y a un exemple particulièrement navrant dans l'histoire du 20è siècle. En novembre 1918, une puissante révolution éclata en Allemagne. Pratiquement dans toutes les villes, les ouvriers s'emparèrent du pouvoir, ren- versant les vieilles structures de l'Empire de Guillaume II. Sous prétexte de "rétablir l'ordre» et de "marcher légalement vers la socialisation" à travers des élections parlementaires, la droite social-démocrate maintint en place les restes de l'armée impériale. Elle s'appuya sur celle-ci pour désarmer les ouvriers et supprimer les pouvoirs des conseils ouvriers -au prix de plusieurs dizaines de milliers de morts, soit dit en passant. Elle permit la constitution de corps francs pré-fascistes, qui furent les noyaux des futurs SA et SS. Elle prépara ainsi le terrain pour le triomphe final de la contre-révolution sanglante: la prise du pouvoir par Hitler en 1933.

Une révolution socialiste victorieuse, en 1918, aurait épargné à l'Allemagne et à l'Europe les dizaines de millions de morts causées par les nazis et par la Deuxième guerre mondiale, à un prix infiniment plus réduit en vies humaines. Si nous sommes révolutionnaires, c'est avant tout parce que nous comprenons ce choix historique.

Nous sommes profondément convaincus que le régime capitaliste est entré en déclin, que les nouvelles avancées de bien-être matériel qu'il réalise encore de temps en temps sont contre-balancées par un coût destructeur de plus en plus élevé. Nous sommes convaincus que ce régime est déchiré par des contradictions de plus en plus multiples et incontrôlables, que périodiquement les larges masses se rebellent contre ce régime dans des mouvements puissants qui pourraient ouvrir la voie du progrès s'ils aboutissent à la victoire, et que le devoir des socialistes est d'assurer cette victoire par une ligne politique adéquate. Si l'occasion est ratée, alors le risque que le régime capitaliste sombre dans des catastrophes plus graves encore que celles que nous avons déjà connues dans le passé s'accroît de plus en plus.

Répétons-le: les révolutions ne sont pas «provoquées» ou «déclenchées» artificiellement par des «conspirateurs», ou des «groupes subversifs", voire des «chefs d'orchestre occultes». Elles sont déclenchées par de larges masses, dans des situations de «crise de régime». Rappelons la formule de Lénine, dont la vérité est patente à la lumière de l'étude : il y a situation révolutionnaire lorsque ceux d'en haut ne peuvent plus gouverner normalement, et lorsque ceux d'en bas ne se laissent plus gouverner comme avant.

Révolutions sociales et révolutions politiques

Ces remarques générales s'appliquent à toutes les révolutions des deux derniers siècles. Mais une première distinction s'impose. Les structures vermoulues que les révolutions balayent peuvent être de nature essentiellement économiques et politiques à la fois; elles peuvent être de nature seulement politiques. Dans le premier cas, il s'agit de révolutions sociales. Dans le second cas, il s'agit de révolutions politiques.

Les révolutions sociales renversent le pouvoir d'une classe sociale et y substituent celui d'une autre classe. Elle changent le régime économique. Elle substituent à un mode de production qui freine de plus en plus l'essor des forces productives un mode de production supérieur (ou du moins les prémisses indispensables pour l'avènement de ce mode de production supérieur).

Les révolutions politiques maintiennent le régime économique, le mode de production existant. Elles le consolident même (du moins la plupart des fois). Elles substituent donc au pouvoir d'une fraction majeure de classe, devenu un frein au progrès historique, celui d'une autre fraction de la même classe.

Ainsi la Révolution française de 1789 fut une révolution sociale substituant au pouvoir de la monarchie absolue, de la noblesse et de son allié le haut clergé, le pouvoir de la bourgeoisie, qui permit l'essor du capitalisme industriel. Par contre, les révolutions, françaises de 1830 et de 1848 ne furent pas des révolutions sociales mais bien des révolutions politiques. Aucune nouvelle
classe ne se substitua à la bourgeoisie suite à leur victoire. Aucun autre régime économique ne remplaça le régime capitaliste. Mais au sein de la bourgeoisie, le pouvoir passa successivement de la bourgeoisie terrienne à la bourgeoisie bancaire, puis de la bourgeoisie bancaire à la bourgeoisie industrielle.

Parallèlement, des contre-révolutions sociales font rétrograder une société d'un régime économique établi grâce à la révolution au régime économique antérieur. Il y en a eu peu ou prou au cours des 200 dernières années. La restauration du capitalisme en URSS ou en Chine serait une telle contre-révolution sociale. Elle ne s'est pas produite(nous ne disons pas qu'elle ne pourrait jamais se produire. Les Nazis ont essayé de la réaliser dans les territoires qu'ils occupèrent en 1941-1943)

Des contre-révolutions politiques font perdre le pouvoir aux fractions les plus radicales, les plus progressistes, de la classe dominante et de ses alliés, au profit de fractions plus conservatrices.

Elles peuvent amener beaucoup de régressions, non seulement dans le domaine politique mais encore sur le plan économique et social. Mais elles ne renversent pas le régime économique fondamental. Ainsi, le 9 Thermidor - lorsque le règne des Jacobins fut renversé en France - ouvrit un série successive de contre-révolutions politiques qui domina la scène politique pendant 35 ans. On connut successivement le règne des Thermidoriens (le Directoire), celui de Napoléon Bonaparte (le Consulat, puis l'Empire), la restauration de la monarchie des Bourbons. Mais il n'y eut point de retour à l'Ancien Régime semi-féodal. Le capitalisme continua à se développer. Cela provoqua d'ailleurs à la longue de nouvelles révolutions politiques.

La révolution belge de 1830 fut également une révolution politique et non sociale. Le capitalisme était déjà établi dans notre pays avant septembre 1830. C'est le pouvoir politique qui passa d'une fraction de la classe dominante (orangiste hollandaise) à une autre fraction. De même, après la victoire de la révolution d'octobre en Russie, s'est produite une contre-révolution politique, un Thermidor qui, lors de la dictature stalinienne sanglante, a impliqué le triomphe de la réaction, de la régression, dans la plupart des domaines de la vie sociale. Le pouvoir politique de la classe ouvrière et d'un parti authentiquement ouvrier est passé dans les mains d'une bureaucratie privilégiée, usurpatrice et parasitaire. Il faudra une nouvelle révolution politique pour rétablir un authentique pouvoir des soviets, une authentique gestion de l'économie par les travailleurs, une authentique démocratie socialiste.

Révolutions bourgeoises et révolutions prolétariennes

Une autre distinction s'impose à côté de celle entre révolutions sociales et révolutions politiques: la distinction entre révolution bourgeoise et révolution prolétarienne (socialiste). Une révolution bourgeoise substitue le pouvoir du Capital à celui de la noblesse foncière et de la Cour. Elle permet l'essor de l'industrie capitaliste. Elle représente un progrès incontestable par rapport à la féodalité, mais un progrès que les salarié(e)s ont payé et payent encore d'une exploitation et d'une insécurité d'existence impitoyables.

Une révolution prolétarienne (socialiste) signifie l'abolition du pouvoir du Capital, d'abord au niveau de l'État (et notamment l'élimination de son appareil de répression), ensuite très rapidement dans les pays industrialisés, au niveau de l'économie. Ainsi commence l'effort pour construire une société nouvelle, la société socialiste sans classes, dans laquelle les producteurs et les citoyens décident librement de leur sort en gérant eux-mêmes (elles-mêmes) l'économie et l'État.

La bourgeoisie a joué un rôle révolutionnaire aux 16è, 17è et 18è siècles. Elle a elle-même déclenché de puissantes révolutions, s'appuyant sur les masses populaires. La révolution française de 1789 a vu à la fois l'apogée de ce rôle révolutionnaire de la bourgeoisie et le début de son retournement. En effet, au fur et à mesure que se développe le capitalisme, et surtout après la révolution industrielle de la fin du 18è siècle, une nouvelle classe sociale apparaît sur la scène historique: d'abord le «quatrième État" ou pré-prolétariat puis, la classe ouvrière industrielle, puis la classe des salarié(e)s au sens le plus large du terme.

Plus les révolutions bourgeoises tardent à se produire, plus forte est cette classe ouvrière lorsqu'elles éclatent finalement, et plus la bourgeoisie doit littéralement se battre sur deux fronts: contre les forces de l'Ancien régime d'une part; contre le prolétariat montant d'autre part.

Déjà au cours de la révolution française de 1789, ce fut davantage le cas qu'au cours de la révolution anglaise du 17è siècle. En 1848, en Allemagne, en Italie et surtout en France, ce fut davantage le cas qu'en 1789. En Russie en 1905 et en 1917, en Chine en 1925-27, et à partir de 1937-1946, ce fut encore plus vrai qu'en 1848. Plus le prolétariat est développé, plus la bourgeoisie commence à craindre la révolution, même lorsqu'elle n'est pas encore au pouvoir. Elle craint de plus en plus -à juste titre d'ailleurs -que les classes dites populaires combinent la lutte pour la conquête des libertés démocratiques -pour la con- quête de la terre par les paysans, pour leurs droits nationaux- pour une solution anticapitaliste.

Dans ces conditions, la bourgeoisie n'est plus capable de mener la révolution jusqu'à la victoire. Elle finit par passer dans le camp de la contre-révo- Iulion. Seule une direction non-bourgeoise de la révolution (jacobine-petite-bourgeoise en 1789-1793; prolétarienne à partir de 1848) peut permettre une victoire de la révolution. Celle-ci devient dès lors une «révolution permanente». Elle passe, sans interruption ni étape intermédiaire, de la conquê- te du pouvoir par la classe ouvrière, qui réalise des tâches nationales-démocratiques, au début de réalisation de tâches anticapitalistes, socialistes.

Les révolutions qui se sont déroulées depuis la 2è guerre mondiale n'ont pu vaincre sans cette conquête du pouvoir par la classe ouvrière, alliée aux autres classes populaires. Mais elles sont marquées par des situations spécifiques dans différente, parties du monde, définies notamment par des lâches stratégiques différentes à résoudre. Celles-ci correspondent aux problèmes passablement différents auxquels sont confrontées les masses laborieuses dans les pays dits du tiers-monde, dans les pays dits «socialistes », et dans les métropoles industrialisées capitalistes (pays impérialistes). C'est pourquoi la IVè Internationale utilise à ce propos la formule des «trois secteurs de la révolu-
tion mondiale).

Mais ce qui fait l'unité entre ces trois secteurs, c'est le fait que, dans chacun d'eux, le prolétariat, la classe des salarié(e)s-appointé(e)s, est le seul sujet révolutionnaire efficace, le seul qui dispose, du moins potentiellement de la force de paralyser le pouvoir économique et politique du Capital, de substituer un ordre égalitaire et libre au désordre fondé sur l'oppression et l'exploitation.

Certes, cette classe n'est pas en permanence mobilisée, ni surtout toujours mobilisée de manière révolutionnaire. C'est pourquoi d'ailleurs les explosions révolutionnaires n'éclatent qu'à intervalles espacés. Mais c'est seulement lorsque ces explosions d'activité de masses rebelles se produisent que les écuries d'Augias du vieux monde, remplies non seulement d'ordures mais de dynamite risquant de faire voler en l'air notre planète, pourront être radicalement nettoyées. Qu'elles le soient effectivement, cela dépend d'une conscience et d'une direction révolutionnaire adéquates du prolétariat.

C'est parce que nous croyons qu'à la longue ces explosions révolutionnaires se produiront de toute façon que nous devons préparer dés aujourd'hui leur victoire -qui n'est guère facile en construisant dès aujourd'hui un Parti et une Internationale révolutionnaires.

En fin de compte, la révolution socialiste réalisée par la mobilisation, l'activité et l'auto-organisation généralisées des masses laborieuses, confirmera la vieille devise que Marx donna au mouvement ouvrier dès la Première Internationale: «L'émancipation des travailleur sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes."

_________________________________________________________

Bibliographie

Karl Marx : le Manifeste du Parti communiste

http://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000.htm

Karl Marx : la guerre civile en France

http://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530.htm

Trotsky : Bilan et perspective, 1905

http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/bilanp/bpsomm.htm

Rosa Luxembourg : Réforme ou révolution

http://www.marxists.org/francais/luxemburg/gr_p_s/greve.htm

Rosa Luxembourg : Grève de masse, parti, syndicats

http://www.marxists.org/francais/luxembur/r_ou_r/index.html

Lénine : les Thèses d'avril

http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/04/vil19170407.htm

Lénine : l'Etat et la révolution

http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er00t.htm

Lénine : la catastrophe imminente et les moyens de la conjurer http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170910.htm

Rosa Luxemburg : Notre programme et la situation politique (Discours au Congrès de fondation du Parti communiste Allemand (Ligue Spartacus) 31 décembre 1918 - 1er janvier 1919)

http://www.marxists.org/francais/luxembur/spartakus/rl19181231.htm

Rosa Luxembourg : L'ordre règne à Berlin, 1919

http://www.marxists.org/francais/luxembur/spartakus/rl19190114.htm

Trotsky : Bilan et perspective, préface de 1919

http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/bilanp/bilan_persp_0.html

Trotsky : 1932, La révolution russe (conférence faite à Copenhague) http://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/11/321125.htm

Trotsky : 1937, Bolchevisme ou stalinisme

http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/bcs/bcs05.htm

Trotsky : 1937, L'actualité du manifeste communiste

http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/bcs/bcs01.htm

Trotsky : 1939, trois conceptions de la révolution

http://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1939/08/390800.htm

Ernest Mandel : 1976, la longue marche de la révolution,

Daniel Bensaid : 1976, La révolution et le pouvoir

Publié dans Formation

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article