Gens du voyage, des citoyens du monde sans citoyenneté, surtout à Reims
Gens du voyage, des citoyens du monde sans citoyenneté, surtout à Reims
Ouverte le 27 janvier 2011, l’aire d’accueil des gens du voyage de Reims - Bétheny, a été saccagée au mois d’août dernier.
En cassant éviers et blocs sanitaires et en incendiant le bâtiment, les auteurs de cet acte ignoble ont adressé un message clair et précis : « Gens du voyages, vous n’avez pas votre place à Reims, même entre un boulevard périphérique à 4 voies (celui des tondeurs) et une ligne SNCF, un lieu situé un peu nul part, sans aménagement piétonnier permettant de rejoindre les commerces à quelques centaines de mètres de là ».
Ce n’est pas la 1ère fois qu’un tel acte de violence est commis contre cette partie de la population à qui l’on aboie régulièrement ni plus ni moins que « Raus » (Dehors).
Rien d’étonnant à voir donc un site comme Français de souche dont le nom à lui seul en dit long, relayer une pétition de rémois demandant l’expulsion de gens du voyage.
Rien d’étonnant à voir de tels actes se produire après le discours du Président Sarkozy stigmatisant en 2010, « ces voitures que ne pourra pas se payer un homme ou une femme qui travaille dur » dans « des campements où tout le monde vit avec le RMI ».
Mais, les gens du voyage présents sur l’agglomération rémoise ont un autre sujet d’inquiétude.
En effet, quelque soit l’endroit où ils s’installent faute d’emplacements publics, ils sont régulièrement expulsés par la Ville de Reims.
Fin février 2011, elle faisait procéder à l’expulsion de gens du voyage.
En juin 2011, son adjoint « aux solidarités » indiquait qu’une « procédure pour pouvoir demander l’expulsion de gens du voyage installés sur les terrains de foot près de l'entrepôt de Transdev » était engagée.
Le 24 septembre 2011, le même élu annonçait que les gens du voyages, réfugiés après l’incendie de l’aire de Reims Bétheny sur l’ancienne aire de la Neuvillette dédiée à leur stationnement et fermée pour travaux, faisait l’objet d’une demande d’expulsion.
En ce mois d’octobre, la municipalité rémoise a frappé une nouvelle fois à la porte des caravanes, cette fois-ci du coté de la rue des Tondeurs.
Démontrant que les gens du voyage ne sont définitivement pas les bienvenus à Reims, l’élu aux solidarités (mieux vaudrait le nommer élu aux expulsions) a justifié en ces termes le fait que le terrain de grand rassemblement situé derrière la fac des sciences ne leur soit pas ouvert : « Il est réservé aux seuls grands rassemblements avec pasteur. Si on envoie des gens du voyage là-bas sur ce terrain gratuit, ce n'est pas dix caravanes, mais cent cinquante qui iront. »
Invité à s'expliquer, il a annoncé l’expulsion en précisant que « la démarche a été lancée pour que cet espace public soit expulsé, car ces gens du voyage doivent voyager, comme leur nom l'indique. »
Cet élu qui se proclame citoyen du monde sur son blog leur demande donc de circuler, sans qu’eux ne puissent jouir de la même citoyenneté que lui.
A Reims, c’est donc la majorité municipale PS – Verts – PCF (ce dernier par ailleurs membre du Front de Gauche) qui expulse sans qu’aucune de ses composantes ne trouve mot à redire.
Les voyageurs ne seraient-ils, pour eux, que des citoyens de seconde zone, dont les droits peuvent être bafoués et « expulsables » à tout moment, réduits à vivre sans toit ni voix ?
De droite comme de gauche, le mépris envers les gens du voyage est le même. Il doit cesser.
La Gauche peut tenir un discours différent de la droite, comme Martine Aubry l’a fait « la droite veut chasser les Roms et les gens du voyage, c'est scandaleux et épouvantable....C'est l'expression d'une politique inhumaine...”. Mais, elle expulse bel et bien à Reims, comme à Lille et ailleurs…
C’est cette gauche institutionnelle qui le mercredi 19 octobre à Reims a fait couper l’eau et l’électricité à 14 familles nomades, avec l’aide de la maréchaussée. 14 familles qui désormais vivent dans le froid et sans eau et dont les enfants traumatisés ont peur de voir une nouvelle fois la police intervenir comme s’ils étaient des criminels.
Le NPA demande l'abrogation des lois et règlementations discriminatoires envers les gens du voyage (notamment loi du 3 janvier 1969 sur les activités ambulantes, loi sur la Sécurité intérieure de 2003 qui aggrave les sanctions contre l'installation illicite de caravanes, dispositions introduites dans la loi de prévention de la délinquance qui organise l'expulsion administrative, sans avis préalable de l'autorité judiciaire, des auteurs d'un stationnement illicite, etc.).
Le NPA demande la cessation de toutes les pratiques discriminatoires : arrêt des expulsions sans alternative de logement ; arrêt des pressions policières ; accès à la santé et à la scolarisation sans conditions ; l’accès à l’eau et à l’électricité.
Le Comité de Ville du NPA – Reims, le 21 octobre 2011
http://npa.reims.over-blog.org/