Face à la faillite du capitalisme européen, le NPA propose, à toute la gauche sociale et politique, une mobilisation commune et rapide contre les plans d’austérité du gouvernement

Publié le par npa

De sommets européens en G20, la semaine dernière a jeté une lumière crue sur l’Europe du capitalisme.

 

- Elle n’a à promettre que du sang et des larmes, partout l’austérité doit peser sur les classes populaires. Finalement c’est le président du fonds souverain chinois CIC, si courtisé pour prêter de l’argent aux Etats européens, qui a exprimé le plus franchement ce qui hante le crâne de Sarkozy et consorts : « Les troubles qui se sont produits dans les pays européens résultent uniquement de problèmes accumulés par une société en fin de course, vivant d’acquis sociaux. Les lois sociales sont obsolètes. Elles conduisent à la paresse, à l’indolence, plutôt qu’à travailler dur. » (Le Monde 8-11).

 

- La démocratie est désormais obsolète ! On demande chaque jour l’avis des « marchés financiers ». Mais voilà que le premier ministre grec parle d’organiser un referendum ? Quel irresponsable ! Après une séquence de chantage éhonté de Merkel et Sarkozy (« la seule question pour vous, c’est sortir ou pas de l’Europe…») les choses sont rentrées – provisoirement – dans l’ordre: Papandréou passe le relais à un gouvernement d’union nationale, qui continuera à saigner les classes populaires grecques pour payer la dette. Cela suffira-t-il à convaincre la majorité des Grecs qu’il n’y pas d’autre politique possible ? On peut heureusement en douter. Quant à l’Italie, son gouvernement est désormais ouvertement sous tutelle de l’hydre BCE-FMImarchés financiers-gouvernements les plus puissants de l’Europe. Et exit Berlusconi, jugé incapable de faire le sale boulot !

 

- Les dirigeants de l’Europe et du monde n’ont pas de quoi être fiers. Ils ont échoué en 2008 à sortir le monde de la crise, à coups de plans de sauvetage de la finance. Ils échouent à nouveau. Après la Grèce, l’Italie, troisième puissance économique de l’UE, et troisième emprunteur de capitaux du monde ! Divisés entre eux, incapables de trouver une solution à la crise actuelle du capitalisme, ces dirigeants se soutiennent pourtant les uns les autres pour nous faire croire qu’une seule politique est possible, la rigueur, au nom de la dette. Mais la rigueur mène à la récession, qui mène à l’explosion de la dette. Ils le savent. Ils l’expérimentent justement avec la Grèce, depuis deux ans. Ces gens qui prétendent mener la seule politique possible, n’en ont en réalité aucune pour sortir de la crise. Ils nous mènent tout droit dans le mur.

 

- Pourquoi cet acharnement ? Parce que tant qu’à n’avoir aucune solution face à la crise ducapitalisme, autant sauver les meubles, les leurs, ceux de la classe dont ils sont membres et serviteurs, et qui ont leurs fortunes sur les marchés. Qui gagne, qui perd, avec ces accords bricolés dans les derniers sommets ? Il suffit de demander au CAC 40. Le lendemain de l’accord européen du 27 octobre, alors que Merkel et Sarkozy se vantaient d’avoir convoqué les banquiers pour leur faire « prendre leur perte », il a bondi de 6%. Les actions des grandes banques françaises, entre + 15 et + 22 %. Le lendemain de l’annonce d’un referendum en Grèce : - 5 % pour le Cac 40, - 12 à -15 % pour Société Générale, BNP, Crédit agricole. C’est clair : il n’y a pas un plan de sauvetage de la Grèce, mais des grandes banques européennes, françaises en tête. Il n’y a pas un plan de sortie de crise, mais de sauvegarde des patrimoines financiers de la bourgeoisie.

 

Le plan d’austérité Sarkozy-Fillon.

Le plan présenté par Fillon lundi 7-11 (7 milliards d’euros en 2012, jusqu’à 17 milliards en 2016), de même que celui du 24 août (10 milliards) se distille en multiples mesures d’aspect technique.

Mais derrière cet écran de fumée, fait pour rendre illisible la lutte de classe menée par le gouvernement des riches, une réalité : d’un côté, des mesurettes limitées et temporaires, concernant les riches et les entreprises ; de l’autre, la saignée pour les classes populaires.

 Sur « l’effort » de 7,9 milliards de l’année 2013, 6,8 seraient portés par les ménages (calcul de Libération 8-11). La loi sur les retraites est accélérée, pour rapporter 4,4 milliards d’euros en tout. Fillon avait paraît-il envisagé un deuxième jour de « solidarité » de corvée. Après avoir travaillé (soi-disant) pour les vieux, on aurait travaillé une journée par an pour les marchés financiers ! Il a finalement préféré insulter les millions de manifestants de l’automne dernier, en annonçant « que les personnes nées entre 1952 et 1956 travailleront entre un et quelques mois de plus ».

 Les travailleurs pourront donc se réjouir de travailler, ces quelques derniers mois de leur vie active, pour enrichir les banquiers et financiers de tout poil. S’ils se ruinent pour leur santé ou renoncent carrément aux soins, ils sauront aussi pourquoi : un nouvel « effort » est demandé à la sécurité sociale, de 700 millions d’euros, qui s’ajoutent à la surtaxe des complémentaires santé du premier plan (1 milliard). Baisse de prestations familiales et d’allocations logement, hausse de la TVA : tout cela renvoie à la déclaration télé de Sarkozy le 27-10 : « le problème c’est qu’on dépense trop, et qu’il faut travailler plus. » Les millions de travailleurs étranglés financièrement dès le début du mois apprécieront.

D’une campagne électorale à l’autre, on passe du « travailler plus pour gagner plus » au « travailler plus et dépenser moins ».

Le PS est pour l’austérité.

Les socialistes font même de la surenchère. Le plan de Fillon serait insuffisant. Hollande dans Libération le 8 : « Je veux donner du sens à la rigueur ». Seule exception à la rigueur : pas la création de postes de profs, apparemment tombé aux oubliettes, mais la construction de l’EPR !

Mais attention, Hollande est de gauche, alors il nous ressort l’argument de l’automne dernier, sur les retraites : l’effort oui, mais partagé. Les socialistes sont pourtant encore dans l’opposition. Qu’est-ce que ce sera alors, quand ils seront au pouvoir comme leurs camarades de Grèce et d’Espagne !

Notre programme, plus que jamais d’actualité.

1/ Refus total de ces plans d’austérité.

2/ Au contraire, il faut augmenter les salaires : 300 euros nets pour tous. Le SMIC à 1700 euros.

Pour travailler toutes et tous il faut travailler moins, il faut réduire le temps de travail hebdo à

32 heures sans flexibilité ni perte de salaires. Il faut revenir au droit à la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités de travail pour partir à la retraite à temps plein.

Pour cela il faut prendre l’argent là où il est. Au compte des entreprises : depuis 1982 les profits ont grimpé de 10 points dans la valeur ajoutée des entreprises au détriment de nos salaires. Ça fait plus de 100 milliards d’euros par an, il faut les récupérer. Pour nos salaires et nos retraites.

Au compte de l’Etat : Hollande rappelle lui-même qu’il y a eu 75 milliards d’euros de niches fiscales (sur l’année) nouvelles depuis 2007, en faveur des grandes entreprises et des riches.

Depuis 2002, 100 milliards. Et si on comptait…depuis 1997, sous Jospin et Hollande… Il faut les récupérer. Pour nos services publics et nos emplois.

3/ Le gouvernement supprime l’impôt le plus injuste : la TVA. Suppression de la TVA !

 

4/ Il faut arrêter de payer la dette. Rien que le versement des intérêts, c’est 50 milliards d’euros supplémentaires disponibles pour la collectivité, au lieu d’alimenter le patrimoine financier de la bourgeoisie. Nous revendiquons l’annulation de la dette ainsi qu’un débat public sur l’origine de la dette, l’ouverture des livres de compte. Nous participons à la campagne unitaire pour un grand tribunal de la dette, un audit populaire.

5/ Arrêter de payer la dette, c’est la première étape pour briser le pouvoir de la finance capitaliste, qui s’est emballée, toujours plus folle, toujours plus parasitaire. Comme le réacteur nucléaire de Fukushima. La seule solution c’est de la débrancher. Il faut saisir les banques et groupes financiers, sans indemnité ni rachat, sans contrepartie pour leurs actionnaires, et en garantissant tous les dépôts des particuliers. Il faut un monopole public financier. On pourra enfin savoir où est l’argent, le contrôler, investir non pour le profit privé mais pour changer la société, satisfaire les besoins sociaux, assurer une profonde révolution écologique.

6/ Certains, à gauche, refusent tout comme nous l’austérité, et espèrent une « relance » par l’emploi et les salaires. Oui. Mais elle ne sera possible que si l’on brise la domination de l’économie par le capital privé et le profit. Pour sortir de la crise, il faut donc plus que jamais un plan d’urgence, défendre les conditions de vie de millions de travailleurs, et pour cela s’attaquer au pouvoir des capitalistes.

 La riposte, c’est urgent !

Chacun dans son registre le pouvoir et sa soi-disant opposition socialiste cultivent la résignation.

 Avec cette union nationale qui ne dit pas son nom, et qui est appuyée par les grands de ce monde, Obama en tête, Sarkozy peut reprendre la main. Le « président du pouvoir d’achat » a beau être impopulaire, le PS se charge de prouver lui-même qu’il n’y aurait pas d’autre politique possible que la sienne ! Aussi, dans cette élection où rien n’est joué, tout en mettant l’accent prioritaire sur la nécessité d’une alternative anticapitaliste, nous devons apparaître comme les plus anti-Sarkozy, comme ceux qui veulent le chasser, ce qui suppose de combattre sa politique, et pas de s’y adapter comme Hollande et le PS.

 Le poison nationaliste se répand partout en Europe. En France, medias et politiciens s’ingénient à faire croire à la population qu’on « est en train de payer pour les Grecs ». L’extrême-droite se sent le vent en poupe, avec ses prétendues solutions souverainistes. Face à cette montée du nationalisme, les déclarations de Montebourg sur le protectionnisme ou celles de Mélenchon contre l’Europe allemande ne peuvent être interprétées que comme une défense du capitalisme français (ou européen) face aux autres. Cela désarme encore plus la gauche et le mouvement ouvrier. Même si c’est difficile, notre politique doit être celle de l’internationalisme, de la coopération et de la solidarité entre les peuples contre la mondialisation capitaliste.

Les principales organisations syndicales sont inertes. Certaines ont l’air de se plaindre plus de ne pas avoir été consultées, que du contenu du plan, et mettent en avant leurs propres idées pour réduire les déficits ! Que serait alors une éventuelle journée d’action évoquée par la CGT, FO et la CFDT ? Point d’appui pour la lutte ? Mascarade ?

Pourtant le potentiel de la résistance et même de la contre-offensive est bien là : le succès de la journée mondiale des Indignés le 15 octobre, les journées de grève générale au Portugal, en Espagne, la révolte de toute une partie du peuple grec. En France, on peut avoir la désagréable impression que le Parti socialiste aurait réussi à canaliser l’indignation dans les urnes de ses primaires. Mais un an après la profonde et massive mobilisation de défense des retraites, alors que des salariés du privé se battent pour défendre leurs emplois, alors que l’asphyxie des services publics est contestée, les forces sont intactes.

Il est donc urgent de prendre une initiative politique. Le NPA propose, à toute la gauche sociale et politique, une mobilisation commune et rapide contre les plans d’austérité du gouvernement.

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