Autonomie des Universités, contrevérités sur les conséquences pour l’URCA, ses étudiants, ses personnels
Autonomie des Universités, contrevérités sur les conséquences pour l’URCA, ses étudiants, ses personnels
Il y a un an l’Université de Reims devenait autonome, malgré une contestation importante en son sein. Alors que toutes les Universités de France sont devenus autonomes, le Président de l’URCA a été interrogé par France 3 quant au bilan de cette 1ère année.
Voici ce que l’on peut lire sur le site France 3 Champagne – Ardenne : « Le président de l'Université de Reims, Richard Vistelle, parle de liberté et de responsabilité élargie. Le gouvernement, lui, d'autonomie. Quelque soit le terme choisi, la réforme engagée il y a un an avait un objectif : donner la possibilité à chaque université de mener sa propre politique de formation et de recherche. Mais un an après, le grand chamboulement annoncé est passé inaperçu. Etudiants ou enseignants... Même ceux qui craignaient la réforme admettent qu'aucune "catastrophe" ne s'est produite. Pour la présidence de l'Université, cette autonomie devrait tout de même ouvrir la porte à un regroupement des campus rémois. L'URCA doit, pour cela, devenir propriétaire de son foncier. ». Or, il y a dans ses propos de nombreuses contrevérités.
Contrevérité n°1 : « aucun chamboulement »
Pour la 1ère fois de son histoire, l’URCA a fini un exercice budgétaire avec un déficit. de fonctionnement de 1 115 996 €. Ce, malgré que l’exécutif universitaire ait raclé les fonds de tiroir, allant jusqu’à inscrire en recettes 2011, 200 000 € de subventions prévues pour la Bibliothèque Universitaire, uniquement notifiés, mais dont le versement doit avoir lieu en 2012. Sans ce tour de passe - passe, le déficit atteindrait non pas 1 115 996 € mais 1 315 996 €. 15% du déficit sont ainsi camouflés. Autre technique, celles des amortissements neutralisés. Elle représente pour 2011 : 5 772 412 €. Qui plus est, des formations ont été fermées car pas assez en adéquation avec les desideratas du MEDEF. D’autres doivent mendier auprès d’entreprises !
Pour 2012, les dépenses de fonctionnement et de personnel sont fortement comprimées passant de 190 009 035 € (Budget 2011 après la 3ème DBM) à 186 449 504 € (projet de Budget Initial 2012), soit moins 3 559 531 €. Le fonctionnement passe de 38 621 046 € à 34 601 364 €, soit moins 10,4%. Le montant budgétisé en 2012 au titre des heures complémentaires est en réduction de 18,8%.
La BU n’est pas épargnée. Les 200 000 € prévus pour 2012 mais intégrés au budget 2011 pour limiter le déficit ont pour conséquence que « les dépenses documentaires ont été réduites ». Cela au moment même où la ville de Reims va faire payer les étudiants pour emprunter des livres dans les Médiathèques et bibliothèques.
Le budget 2012 prévoit une perte de recettes d’investissement de 2 095 421 € (recherche, SAIC, maintenance).
Mais ce n’est pas grave. La baguette magique des amortissements neutralisés est là. Ces « recettes non décaissables » (pour ne pas dire de l’argent qui n’existe pas) augmentent de 1 237 156 € pour atteindre 7 009 568 €. C’est comme cela que le projet de budget 2012 présente un excédent de gestion et une capacité d’autofinancement. C’est comme cela que l’URCA évite d’être pour la deuxième année consécutive en déficit et par conséquent se soustrait à la tutelle rectorale.
Cette procédure de l’amortissement neutralisé consiste en la constatation parallèlement à la charge budgétaire d’une recette d’un même montant qui neutralise cette charge, dans la section fonctionnement. L’Etat pousse les Université à la développer dans le cadre de l’autonomie pour là aussi cacher les déficits.
Même le figaro du 29 décembre 2011 faisant le bilan de l’autonomie souligne « le sous-financement chronique » renforcé par cette réforme phare du Président Sarkozy. Soulignant « la délicate situation des enseignants chercheurs et ajoutant que « cette loi souvent présentée comme une réussite, a connu quelques couacs ». Si le figaro de droite le dit… Quant à la gauche gouvernementale, les Echos du 29 décembre 2011 aussi, rappelaient que François Hollande avait déclaré « « L'autonomie des universités, ça me va ! » lors de la primaire socialiste.
Contrevérité n°2 : « l’autonomie est acceptée par tous »
L’Union du 13 décembre écrivait ceci : Hier après-midi le conseil d'administration de l'Université de Reims-Champagne-Ardenne s'est terminé plus tôt que prévu : à la suite d'une intrusion, le président Vistelle a dû cesser la réunion et la renvoyer à une date ultérieure. Cette intrusion était le fait d'une vingtaine de personnes, étudiants ou enseignants, répondant à un appel de divers organismes dont le syndicat Snesup (syndicat national de l'enseignement supérieur), et le NPA (nouveau parti anticapitaliste). Les manifestants ont demandé à prendre la parole, ce qui leur a été refusé. Devant leur refus de quitter la salle, le président a mis fin à la réunion.
Le budget de l'Urca avait été discuté et adopté le matin par le conseil, l'après-midi devait porter notamment sur le projet de « Pres », ou pôle de recherche et d'enseignement supérieur, prévoyant le rapprochement entre l'université champenoise et son homologue d'Amiens. « Le principal objet de notre manifestation est le Pres, explique justement un enseignant qui participait à la manif au nom du Snesup, ou plutôt la façon dont il est nous est imposé, d'une façon non démocratique, sans concertation. ». (…) Au-delà du dossier Pres, la contestation d'hier comporte une dimension éminemment politique, visant plus ou moins clairement le concept même d'autonomie des universités cher à Nicolas Sarkozy, cette autonomie conduisant à des déficits budgétaires selon ses détracteurs, et par la suite à des mises sous tutelle du recteur (l'Urca n'est pas dans ce cas selon le rectorat). Le NPA par exemple, ne fait pas mystère qu'il entend profiter de la venue de son candidat à la présidentielle Philippe Poutou, jeudi à Reims, pour discuter de ce sujet. Et rejouer mai 68 ? ».
Si l’Union parle de rejouer mai 68, c’est que contestation d’ampleur, il y a ! Déjà le 9 décembre 2011, le journal local avait noté « Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les représentants des étudiants tirent à boulets sur la récente mise en application de l'autonomie des universités. « On voit bien que la politique de rigueur s'applique dans toutes les couches de la société. Et l'université n'échappe pas à la règle. On verra de moins en moins de personnels sur le campus. Bien évidemment, ces économies nuiront au bon déroulement de nos études » reprend une étudiante particulièrement remontée. Autant de questions qui restent encore en suspens. Mais à quelques jours de la visite du candidat NPA à la présidentielle à Reims, nul doute que les soutiens de Philippe Poutou, très présents lors de cette AG, veulent prouver qu'ils veulent aussi compter dans le débat ».
Contrevérité n°3 : La propriété des locaux, une bonne chose
L’URCA n’étant pas propriétaire des locaux qu’elle utilise, l’amortissement des bâtiments a été neutralisé, c’est-à-dire passé en recettes. Ces écritures contribuent en 2011 à réduire le déficit et pour 2012 à permettre de présenter un budget excédentaire.
Sans ces écritures, le déficit en 2011 n’aurait pas été de 1 115 996 €, mais de 6 888 408 €. Le budget 2012 ne serait pas excédentaire de 1 069 946 € mais déficitaire de 5 939 622 € malgré les coupes sombres dans le fonctionnement (heures complémentaires, achats documentaires pour la BU).
Une fois devenue propriétaire des locaux dans le cadre de l’autonomie, l’URCA ne pourra plus jouer à ce jeu comptable qui bien qu’elle soit en déficit lui permet d’être virtuellement excédentaire. Elle sera rapidement en faillite ! On a ainsi un avant-goût de ce qui se produira si la dévolution des locaux à l’Université devient effective dans le cadre de l’autonomie. La saveur acre de mesures sans précédent d’austérité.
Comme le soulignait Philippe Poutou candidat du NPA à l’élection présidentielle : « Sarkozy annonçait il y a peu que la réforme d'autonomie des universités (la loi LRU) était l'un des deux points majeurs de son mandat. Toutes les universités déjà passées à l'autonomie sont inquiètes quant à leur avenir. La plupart ne savent pas comment boucler leur budget 2012. Elles en sont aujourd'hui à mettre en place des plans de suppression et de gels de postes, voire à annoncer à leur personnels qu'elles ne pourront peut être pas verser les salaires. Voilà le vrai bilan de cette réforme : chaque université est confrontée à ses difficultés... Et les plus faibles font faillite. Face à cela, la résistance doit s'organiser sur les universités : ce n'est pas aux étudiants et aux salariés des universités de payer pour la politique de Sarkozy ! Ce qu'il faut, c'est un financement 100% public de toute l'Éducation, à hauteur des besoins. Cela passe aussi par une titularisation de tous les personnels, ainsi que l'embauche massive de personnels, afin d'assurer de bonnes conditions d'études, d'enseignement et de recherche ».
Le NPA de Reims