160 emplois menacés dans la presse gratuite marnaise

Publié le par npa

160 emplois sont menacés dans la presse gratuite marnaise, 1650 en France suite à une décision du hroupe Hersant.

Les salariés de l'imprimerie Comareg de Tinqueux se mobilisent. Le NPA Reims leur apporte son soutien moral et militant.

 

Imprimerie Comareg / Hebdoprint: l'usine de Tinqueux condamnée

TINQUEUX (Marne). Hier soir, la direction du site a décidé de fermer l'usine jusqu'au 3 novembre, date probable de l'annonce de la liquidation. Laissant cent cinquante salariés sur le carreau.

UNE barrière fermée, des salariés morts d'inquiétude dans la cour de l'entreprise et une banderole déployée qui en dit long quant au futur de la centaine de salariés d'Hebdoprint et la cinquantaine d'employés de la Comareg (la société éditrice de Paru Vendu). On a appris hier que le tribunal de commerce de Lyon se prononcerait le 3 novembre sur une liquidation judiciaire de la Comareg et des imprimeries Hebdoprint. 1 650 emplois sont directement menacés dans l'Hexagone, une petite centaine pour le seul site de Tinqueux.

Un an d'incertitude

L'heure est grave chez les rotativistes, les commerciaux et les services de maintenance du centre d'impression marnais sur lequel pèse cette menace depuis un an. Hier soir, la direction d'Hebdoprint a tranché, l'usine de Tinqueux « sera fermée et les salaires normalement versés jusqu'au 3 novembre ». Le matin, les salariés avaient refusé de faire démarrer les rotatives. Dans le même temps, à Paris, un comité d'entreprise extraordinaire avait réuni les représentants de la Comareg et d'Hebdoprint, le pôle de presse gratuite de GHM (Groupe Hersant Média). « On ne voit pas comment on pourrait passer à côté de la liquidation. Ça fait des mois et des mois que l'affaire traîne, mais là il semble que l'on va droit dans le mur. Le risque est de tous nous retrouver au chômage et voir l'imprimerie mettre la clé sous la porte », explique un rotativiste, désabusé.
De retour du CE, le délégué CFTC Anthony Alligard ne cachait pas sa crainte. « Le 3 novembre, nous serons à Lyon avec des salariés d'autres sites français du groupe. Mais on va droit à la case chômage. Le repreneur qui s'était avancé a fait machine arrière à la dernière minute (il s'agissait de Michel Moulin, l'ancien directeur de GHM, ndlr), on se retrouve sans le moindre espoir. »
Les salariés, hier soir et à l'unanimité, avaient décidé de bloquer le site de Tinqueux. Jusqu'à 20h30 et l'annonce par la direction de la fermeture de trois sites d'imprimerie à travers l'Hexagone. Dont celui de Tinqueux. L'arrêt de mort pour le site marnais. Les salariés se retrouveront tout de même aujourd'hui à 14 heures pour mettre éventuellement en place des actions d'ici début novembre. Néanmoins, il n'y a que peu de chances de revoir les rotatives fonctionner de nouveau.

Thomas DUPRAT

Dépassé par Internet, Hersant sacrifie ses petites annonces
Martin Untersinger
Journaliste et étudiant (et inversement)
 

L'hebdo Paru Vendu et l'imprimerie Hebdoprint, filiales d'Hersant, seront mis jeudi en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon, menaçant 1 650 salariés.


Extrait de la une de Paru Vendu Bordeaux, le 31 octobre 2011

Trois repreneurs se sont manifestés : deux ont été écartés par l'administrateur et le troisième a finalement retiré sa proposition. La situation était critique : le journal Les Echos daté du 31 octobre explique que la Comareg perdait pas moins de 600 000 euros par semaine.

Le groupe a exclu tout sauvetage, refusant de « mettre en péril ses activités dans la presse quotidienne régionale [PQR] ». Ce sont donc près de 1 650 salariés de son pôle petites annonces qui sont menacés, ce qui en fait l'un des plus gros plans sociaux de cette année.

Il avait d'ailleurs procédé il y a un an à une première vague de licenciements, où 690 emplois avaient été supprimés.

Des difficultés anciennes

Paru Vendu, jusqu'à peu l'hebdomadaire le plus diffusé de France (plus de 19 millions d'exemplaires), était une des innombrables propriétés du groupe Hersant Média, un des principaux groupe de presse français, qui possède une vingtaine de titres de presse locale et régionale et plusieurs télévisions locales.

Depuis quelque temps, le groupe était en difficulté. De 926 millions d'euros en 2007, son chiffre d'affaires avait dégringolé pour atteindre 700 millions en 2009. Il était également criblé de dettes, à hauteur de 200 millions d'euros.

Le groupe avait également opéré de lourdes acquisitions : il a racheté à Lagardère plusieurs grands titres de la PQR du sud de la France (Nice Matin, La Provence, Corse Matin), le tout pour 160 millions d'euros.

Les petites annonces désertent le papier

Historiquement, les petites annonces sont une des activités de nombreux groupes de presse régionaux. Ce secteur traverse une mauvaise passe : outre Hersant avec Comareg, le groupe Sud Ouest s'est séparé l'année dernière de ses activités de petites annonces. SPIR, la filiale de Ouest-France, n'est pas non plus très fringante.

En cause : le virage raté vers Internet, où les petites annonces, à la faveur de l'apparition de sites comme eBay, PriceMinister ou Le Bon Coin se taillent la part du lion.

Un diagnostic que partage une représentante syndicale d'Hebdoprint, jointe par Rue89 :

« Le groupe a raté le virage du Web. Le chiffre d'affaires de l'activité papier a petit à petit a diminué. Là dessus, la crise n'a pas arrangé les choses. Et les licenciements de l'année dernière n'ont pas du tout été suffisants.

Nos patrons se sont réveillés très tard : il y a eu un problème de vision à long terme. »

Pour Erwann Gaucher, journaliste-consultant, le constat est le même :

« Concernant les petites annonces, l'attitude des journaux gratuits et de la PQR en général a trop longtemps été hautaine, regardant de haut les nouveaux acteurs web, expliquant régulièrement qu'ils connaissaient trop bien le marché des petites annonces pour se le faire voler par de nouveaux arrivants. »

Internet chamboule totalement le marché des petites annonces. Sa locomotive ? Le Bon Coin, qui a littéralement dévoré le marché en quelques années. Sa recette : gratuité et proximité. Ses états de service, rappelés par Capital, sont impressionnants :

« 36 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 2010, soit le double de 2009 et six fois plus qu'en 2008. Quand on sait que le site dégage une rentabilité de 50%, on comprend qu'il soit désormais valorisé à 400 millions d'euros. »

Les acteurs traditionnels ne les y ont pas suivi

Les sites de petites annonces sur le Web ont su chambouler le marché à leur avantage, comme l'explique Erwann Gaucher :

« Ils ont proposé des sites avec beaucoup plus d'annonces, une lisibilité accrue, un service simplifié et une base de gratuité. Autant d'atouts face auxquels la presse papier, avec ses coûts de fabrication énormes, ses effectifs très importants, ne peut pas rivaliser, faute d'avoir innové il y a cinq ou dix ans. »

Même le contexte de crise, habituellement porteur pour les petites annonces, ne parvient pas à inverser la tendance, selon Erwann Gaucher :

« La quotidiens régionaux sont potentiellement les prochains sur la liste. Les petites annonces sont une de leurs sources de revenus, et là non plus, il n'y a pas eu de réponse innovante ces dernières années permettant de voir l'avenir sereinement. »

http://www.rue89.com/rue89-eco/2011/11/01/depasse-par-internet-hersant-sacrifie-ses-petites-annonces-226108

Publié dans Vie locale

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